De la France a l'Asie...

la Slovenie

 

LA SLOVENIE


 Slovenie 


    4 Novembre
    A peine la frontiere traversee nous sentions que nous allions aimer le pays.
Le paysage etait montagneux, les routes vides de vehicules, et les nombreuses clairieres parsemant la foret etaient vierges de la moindre culture.

frontiere-slovene.jpg

Tranquilite et nature a souhait. Le bonheur pour nous, et surement encore plus pour nos animaux!
Dans le but de parfaire ce tableau, les habitants du premier village traverse n'ont pas hesite a nous souhaiter la bienvenue. Petit tour chez le proprietaire du troquet du coin et degustation des vins locaux.

1er-famille-slovene.jpg


Mais il ne nous fallait tout de meme pas trainer. L'automne etait bien present et, de fait, les journees de moins en moins longues. Il nous fallait donc gerer notre timming autrement et, etant habitues en Italie a avoir besoin de temps pour trouver un endroit correct pour la nuit, nous ne voulions pas nous laisser surprendre.
La encore c'etait sans compter sur les atouts de ce charmant petit territoire. Arret a la premiere clairiere croisee. Parfaite.
Decidement, bien plus simple que chez nos voisins Italiens...

    Tous ces changements positifs permettaient de mieux surmonter la difficulte du moment.
La saison automnale s'etait clairement imposee a nous. Si celle-ci amenait avec elle de chaudes couleurs orangees, elle apportait surtout pluie et humidite.

slovenie-sous-la-pluie.jpg


*Il pleuvait depuis quinze jours deja et cela a continue durant pendant presque un mois...
Nous ne pouvions plus faire de feu et nos affaires seches diminuaient rapidement.
Les fortes averses etaient synonymes de boues et si, nous comme Pity, n'apprecions pas vraiment, Cortex, Rassoudok et Zoukia, eux, s'en faisaient un regal. Hum... Les bonnes roulades...
    La situation etait certes difficile mais nous ne nous plaignions pas. Nous avions choisi cette vie, "pour le meilleur et pour le pire".
De la difficulte ressort l'apprentissage. La pluie nous a donc ralenti sans pour autant nous empecher d'avancer. Nous avons juste du ameliorer nos possibilites d'y parer. Changer certains habits non etanches, fabriquer de nouveaux sacs impermeables pour nos affaires hors des sacoches, et couvrir le mulet avec notre bache pour proteger le tout ainsi que le tapis.
Pour les bivouacs nous devions egalement imperativement trouver de bons arbres encore feuillus afin que les equides puissent se proteger. Quand nous etions chanceux, nous trouvions de vieilles fermes abandonnees offrant un bon abris pour les animaux et un moyen d'etendre les affaires trop humides.


abri-furtif.jpg  pause-apres-plusieurs-jours-de-pluie.jpg


    C'est ainsi que nous avons continue notre route sous les yeux des riverains eberlues.
Ils etaient toujours aussi sympatiques mais nous questionnaient de plus en plus, ne comprenant vraiment pas ce que nous faisions a pied, en tente, a l'approche de l'hivers.
Ce qu'ils appellaient au depart "courage" devenait "folie".
Et, comme pour confirmer leurs interrogations sur notre sante mentale, nous n'avons pas traverse le pays au plus court. Nous sommes passe non loin de Postojna, ayant promis a un ami Slovene de prendre un bout de la voie de Napoleon. Oui, parce qu'ici les gens aiment enormement ce personnage les ayant liberes des Autrichiens et permis de parler leur propre langue.
Nous ne pouvions donc pas manquer a notre parole (bien que tres peu adeptes de ce conquerant Corse) et nous sommes ainsi deliberement rallonge en passant par ce joli chemin forestier.


debandade.jpg


ruches.jpg  la-maison-au-piano.jpg   

17 Novembre

    Nous avons atteint la frontiere Croate par Jelšam. Tout semblait bien se presenter.
Mis a part l'uniforme, les nombreux douaniers Slovenes et Croates croises se comportaient comme tous les gens rencontres jusqu'a present. Ils nous souriaient, nous prenaient en photo, donnaient meme a manger aux animaux.
Mais suite au controle des papiers de ces derniers un soucis s'est presente.
Nous l'avons tout de suite compris au regard desole du douanier qui rapportait les dires du veterinaire inspecteur.
En rentrant en Croatie nous sortions de l'Union Europeenne, il nous etait donc demande un nouveaux papier concernant les equides. Ce document, selon eux devait etre rempli par un veterinaire Slovene et serait facile a obtenir.
"Ok". Loins d'etre inquiets nous avons donc fait demi-tour et etablis notre campement a moins de cent metres de la frontiere. Nous etions chanceux, les lieux regorgeaient de grands champs bien verts.

 

douanes.jpg


    Trois jours plus tard, le veterinaire d'Illirska Bistri?a ( la ville la plus proche) est venu. Affirmant qu'une prise de sang etait necessaire pour verifier l'etat de sante de nos deux compagnons aux longues oreilles, il nous appris que les resultats demandaient dix jours d'attente...
Largement le temps pour nous d'effectuer la traduction du fameux papier.
Celui-ci etait normalement destine au commerce animal. Il devait attester "Ce jour" de la bonne sante de l'animal (le document etant valable dix jours) mais il devait egalement assurer du non contact avec des animaux malades dans les precedants mois de sa vie.
Il semblait clair que, si le veterinaire Slovene pouvait repondre a la premiere demande, c'etait au veterinaire Francais de repondre a la deuxieme. Nous ne comprenions pas... Mais faisions confiance au jeune Slovene.
Pendant que notre impatience s'amplifiait de jour en jour a l'approche du recoit des analyses, Cortex, Rassoudok, Pity et Zoukia profitaient, eux, pleinement de ces vacances impromptues.  

 

zoukia.jpg

    27 Novembre

    Comme prevu nous avons enfin recu les resultats sanguins. Tout allait bien.
Cependant il nous fallait encore patienter trois jours afin qu'un veterinaire plus haut place vienne tamponner le papier.
C'est a ce moment que le jeune homme nous a appris que le papier Croate demande etait recent et que nous etions les premiers a en faire la demande. Meme a la capitale personne ne savait reellement de quoi il en retournait. Ils apprenaient et trouvaient cela fort interessant.
Nous ne pouvions pas vraiment en dire autant.
C'est pourquoi nous sommes retourne une enieme fois voir le veterinaire inspecteur Croate de l'autre cote de la frontiere pour avoir plus d'information.
Changement de version de sa part. Le document devait finalement etre rempli par notre veterinaire Francais et le test realise par les Slovenes n'etait d'aucune utilite...
Apres insistance de notre part pour comprendre d'ou venait cette difference de donnee, la conversation s'est sechement fini par un "je ne veux pas que vous entriez dans notre pays, vous n'aurez donc jamais le bon papier. Passez plutot par l'Autriche pour rejoindre la Bosnie".
Les bras m'en sont tombes.
Dix jours d'attente, des controles de passeports recurrants par les innombrables policiers travaillants a la frontiere, 60 euros depenses pour les examens sanguins, des gelees maintenant presques journalieres... Tout ca pour finir sur cette affirmation haineuse et gratuite.
Peu apres, il s'est mis a neiger...

avant  apres

    La solution pour resoudre le probleme qui se posait a nous a vite ete trouvee.
Il etait hors de question ne serait-ce que d'oser immaginer passer par l'Autriche alors que l'hivers commencait et que le sud de la Slovenie et le nord Croate etaient deja recouverts d'une bonne couche blanche.
Il nous fallait absolument continuer vers le sud et rejoindre la cote, la ou il n'y avait pas de neige  et  ou Cortex et Rassoudok pourraient au moins manger.

frontiere1.jpg


Nous avons, de fait, decide de passer la frontiere illegalement.
    Pour faire patienter nos deux ventres ronds affames par trente centimetres de neige, nous nous sommes mis a la recherche de foin. Il fut rapidement trouve, et qui plus est, offert par de chanceuses rencontres faites quelques jours auparavant.

squat-slovene de mknz  concert-au-squat-mknz.jpg


Une fois les estomacs de nos equides pleins nous pouvions reflechir a notre passage en douce plus sereinement.
    Nous avons ainsi "promene" Pity et Zoukia dans les bois frontaliers, a la recherche d'une route possible loin des regards policiers.
Une fois la bonne direction reperee nous l'avons marque de nos pas dans la neige fraichement tombee.
Pour ce qui etait des patrouilles Slovenes nous n'etions pas trop inquiets, depuis dix jours que nous campions dans les bois a cote d'eux, nous connaissions leurs horaires et leurs planques preferees.
Nous etions le 29 du mois et avions decide de traverser le soir meme par la foret enneigee.   

frontiere2.jpg    

Ajouter un commentaire