De la France a l'Asie...

Ouzbekistan

OUZBEKISTAN

        

 Ouzbekistan  

  

 

entrée en Ouzbekistan, poursuivis par un âne

 

6 Septembre 2013:

            Maintenant que nous sommes là, sans aucune possibilité de retour en arrière, ils n'ont d'autre choix que de nous laisser entrer. On espère.

Par chance, c'est aussi ce qu'ils se disent.

Félicitation au Vétérinaire inspecteur Ouzbek, qui, le premier depuis notre départ de France, a réellement fait son travail en auscultant nos deux poilus plutôt que de se fier à un unique bout de papier.

 

Cette fois-ci nous avons un mois! 1200 kms à parcourir...

Courir, courir...

Courir parce que de nos jours la liberté n'existe pas. Courir parce que les petites cases créées par l'administration n'ont de place que pour les majoritaires : "touristes", "businessmen", "travailleurs"…

Les autres n'existent pas. Et s'ils existent, qu'ils changent! Ceux qui ne marchent pas dans les clous du capitalisme et de sa norme n'ont pas leur place. On nous le fait vite comprendre.

11 Septembre 2013:   Au vu de la distance à réaliser et de la sévérité des autorités nous devrons, une fois de plus, sauter quelques kms de marche à l'aide d'un véhicule.

Cortex et Rassoudok ne sont pas ravis par la nouvelle. Bien qu’ils montent à présent facilement dans tout véhicule, ils le vivent toujours comme un moment de stress. D’autant plus que les chauffeurs impatients acceptent difficilement  nos manières respectueuses de faire. L’animal ne compte pas plus qu’un objet, seul le temps et l’argent comptent.

Nous voulons profiter au maximum du pays. Nous choisissons ainsi de marcher jusqu'à Boukhara, puis, de là, espérons trouver un camion jusqu'à Angren, se trouvant environ à 250 kms de la frontière Kirghize. Là-bas nous attendent, enfin, les montagnes.

 habits traditionels de mariage        

Boukhara. La ville aux coupoles bleue.

Boukara

 

Grâce à la gentillesse du Directeur du Parc d'attraction de la ville nous campons du côté gauche du parc. Là où étaient arrivés depuis quelques jours une troupe de cirque s'installant pour le mois. Rapidement nous faisons connaissance, entre deux tours de magie, une démonstration de l’avaleur de sabres, un morceau d’accordéon et quelques verres de vodka...                  le magicien et l'avaleur de sabre

Ce sont eux, nos nouveaux amis, qui nous trouvèrent un véhicule peu cher pour la destination prévue.

Oh surprise ! Notre chauffeur fut extrêmement attentionné, envers nous comme envers les animaux.

15 Octobre 2013:

 

 

premiers froids au p'tit Dej'

C'est là que la marche reprend vraiment. Enfin.

 

 

C'est également là que nous décidons de changer nos habitudes. David avait raison, depuis ces trois dernières années nous n'avions presque jamais dormi chez l'habitant. De deux choses, l'une nous voulions toujours garder un œil, du moins une oreille, sur Cortex et Rassou. Deux, si la tente était le seul lieu familier où l'on pouvait se sentir chez nous, il était agréable d'y rentrer presque chaque soir.

 

Mais nous devions multiplier les expériences, et entrer un peu plus dans la vie des gens. Il fut ainsi décidé que nous ne refuserions plus une invitation à dormir, et qui plus est, nous essayerions de les provoquer. Plutôt facile en Ouzbékistan.

 

            

 

            écolier

A partir du jour où nous prîmes cette décision nous allâmes d'invitation en invitation.

     

 

 

Depuis notre entrée dans le pays, déjà, nous ne pouvions nous arrêter quelque part sans que divers habitants nous offrent des vivres. Tout particulièrement du pain, de nombreux fruits (de délicieuses pommes, poires, raisin et grenades) et des cacahouètes! (saison des cueillettes)

 

       

 

        

 

 

 

 

 

Nous offrir n'étant apparemment pas suffisant nous étions invités à manger... Plov sur Plov (plat traditionnel Ouzbek à base de riz et de carotte, très bon!). Il y avait dans leur comportement altruiste et généreux quelque chose qui nous rappelait la Bosnie.

 papi Plov        repas offert par la police

 

 

Plov      

 

Nos sacoches se remplissaient sans que jamais nous ne puissions les vider. Cortex et Rassoudok profitaient, eux aussi à grande joie, des excès de pain... In refusables devant tant d'insistance.

 

la police qui vire les marchands...:-(

 

 

 

23 Octobre 2013:

            L'ennui en Ouzbékistan, c'est la police. Je dirais d’ailleurs que, mondialement, le problème est récurrent. Sauf qu'ici, contrairement à la majorité des pays, le peuple s'extasie devant la sévérité féroce de ses fonctionnaires. Dénonçant ainsi autrui par « civisme ».

      

 

 

Et voilà comment on se retrouve ennuyé à 23h par un contrôle de passeports qui tourne mal...

En Ouzbékistan la loi oblige tout visiteur étranger à s'enregistrer auprès des hôtels chaque nuit. Une fois de plus, ne rentrant dans aucune des cases prévues nous avons dû déroger à la règle malgré les avertissements de l'ambassade "en cas de non enregistrement c'est: soit la déportation, soit 1500 euros d'amende". Formidable, mais comment dort-on à l'hôtel quand nous avons des équidés et pas le budget ?...

3 heures d'explications devant les menaces du chef de police pour qu'il finisse par comprendre notre impossibilité à respecter cette loi. Il voulait nous déporter sans les animaux. Plutôt me pendre!

 Oli 0839rassouversl

 

27 Octobre 2013:

            Chaque jour comporte son lot de rencontres, son lot de rires, son lot de surprises, son lot d'invitations. Mais chaque jour comporte également son lot d'exclamations et de questions... Toujours les mêmes...

"OH! Vashé Asyol otchen bloshoy!" (OH! Que votre âne est grand!), "Prodavayétié?" (Le vendez-vous?), "Atkuda voui?" ( d'où venez-vous?), "Gdyè Payéditié?" (Où allez-vous?)... Puisque chaque personne est unique et croisée pour la première fois il est normal qu'elle s'interroge ou s'exclame à notre vue. Et puisque chacun pense comme son voisin, nous répondions parfois plus de cinquante fois dans une journée (sans exagérer) aux mêmes questions.

 

C'est alors que j'ai décidé de tenter une expérience. Devenir muette durant trois jours.

 

   

     

 

Communiquer sans les mots.

Cortex et Rassou semblaient étrangement comprendre ce que je voulais bien plus facilement que d'habitude, et rappliquaient à seulement quelques claquements de langue. Il me semble d’ailleurs à présent que la parole nous détourne d'une attention plus précise de ce qui nous entoure. Et que nombreux sont les bavardages inutiles.

Chaque fois que nous étions invités je percevais autour de moi de nouveaux détails qui m'échappaient habituellement du fait de ma concentration sur la conversation elle-même. Et les Ouzbeks, eux aussi, développaient leur attention et leur manière de s'exprimer.

yèyo

 

how to wash ourself 2. In Ouzbekistan they make a hole in the floor of the living room...       

Parfois David utilise des mots de leur propre langue et ils ne les comprennent pas faute d'un accent parfait et d’une réelle concentration de l’interlocuteur. Cette fois, sans mots, ils comprenaient du simple fait de l’amplification de leur effort de compréhension.

 

30 Octobre 2013:   C'est après un bon petit-déjeuner chez Khamida et Kamel, nous offrant quelques vêtements chauds en prévision du froid, que nous prenons la direction de notre pays d'accueil hivernal. Le Kirghizstan.

A sa frontière mon mutisme s'arrêtera. L’arrêt s’approchait, il était temps de demander à l’Univers un lieu d’accueil pour toute notre famille. Et si les Astres entendent sans mots, nous avions besoin de nos langues pour expliquer clairement aux Kirghizes ce que nous cherchions.    

 

  

c'est un douanier qui nous avait dit  

 

 

 

 

       

   

 

 

Commentaires

  • Maka
    • 1. Maka Le lundi, 10 mars 2014
    Vous êtes passionnant! Merci pour ces beau récits!!

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