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De la France a l'Asie...

l Italie

 

1er septembre

Peu apres 14h, nous avons enfin quitte la Vachette, petit village proche de Briancon (05).

Le bat et les sacoches bien accrochees au dos de notre fidele mulet, un "au revoir" general a tous les amis presents, l'instant tant attendu etait arrive. Nous etions enfin libres d'avancer.

avec les copains pour le jour du depart apres une fete quelque peu fatiguante... 

Nous avons debute par un petit chemin sinueux traversant la montagne en direction de l'Italie.

Les deux chiens gambadaient en tete, suivis par Cortex et moi. L'anon, lui qui n'etait pas attache, trainait des sabots quelques metres derrieres, David l'accompagnant.

Les premieres sensations etaient tres agreables. Mais je crois qu'apres tout ce temps passe a randonner et a organiser notre depart, nous ne realisions pas vraiment que, cette fois, nous ne rentrerions pas.

7km plus tard, nous avions franchi la premiere frontiere. Nous etions en Italie! Deja a l'etrangers, le voyage pouvait reellement commencer.

Nous ne connaissions ni la langue, ni la culture (mis a part pates et pizzas bien sur..). L'apprentissage allait donc demarrer.

Le seul fait de cette pensee avait assez satisfait nos esprits pour que nous decidions que notre premier bivouac serait ici.

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Comme je l'ai deja souligne, nous voulions prendre le temps. Il nous semblait important que nous, tout comme les animaux, puissions nous familiariser avec cette nouvelle vie qui allait durer plusieurs annees.

Bien sur, l'envie de s'eloigner de notre point de depart etait presente. Il fallait juste contredire notre nature de presses. Apprendre la patience...

La premiere semaine nous avons donc peu marche.

Les altitudes des montagnes empruntees sillonaient entre 1800 et 2400 metres.

Les lieux etant presque deserts de toute construction humaine, le calme etait mot d'ordre.

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La nature offrait a notre regard de magnifiques paysages a contempler. Et, d'un point de vue equide, de succulentes herbes variees a grignoter. Les arrets allaient, de fait, bon train. Toute notre equipe profitait de ce paisible debut d'aventure.

Nous passions egalement du temps a glaner, nous regalant des cadeaux de la nature.

La montagne regorgeait encore de mets a cette periode de l'annee. Si elle nourrissait Cortex et Rassoudok, il en etait de meme pour nous.

Toutes ces fraises, ces framboises, ces champignons et ces plantes servant d'epices ou a parfumer notre the ne nous laissaient pas indifferent. Ni nous, ni les chiens d'ailleurs... tout du moins pour ce qui etait des baies sucrees.

Nous en profitions au maximum, sachant qu'une fois dans les plaines Italiennes il n'en serait plus de meme.

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Ces premiers temps dans les montagnes nous ont fortement rapproches de la nature. Nos bivouacs etaient logiquement guides par ce qu'elle nous presentait. Nous devenions dependant d'elle. Et aimions ca!

Nous avions besoin d'un ruisseau proche (autant pour s'hydrater que pour se laver), d'herbes allentours riches et de bois mort pour approvisionner notre feu.

Il fallait egalement chercher a ne pas rester a des altitudes trop elevees ou dans des lieux ventes.

Et quel bonheur de vivre avec le soleil! Se reveiller des l'aurore grace a ses premieres lumieres... ou du moins, grace au chant de l'anon, les deux allant de paire.

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Petit a petit nos relations avec Cortex et Rassoudok changeaient. Nous etions 24h/24 avec eux. Les comportements les uns vis a vis des autres evoluaient donc rapidement.

Rassoudok, qui avait toujours ete tres calin, semblait devenir de plus en plus dependant de notre presence. D'autant plus avec moi. Quand nous etions a l'arret, je ne pouvais plus m'eloigner et disparaitre de sa vue sans qu'il ne bramme et court me rejoindre.

Cortex, de son cote, se detendait jour apres jour. Lui qui avait pourtant toujours semble un peu stresse, ayant peur du moindre mouvement brusque depuis que nous l'avions. Son regard changeait et il devenait doux comme un agneau, si je puis dire.

La relation Canide-Equide prenait aussi un autre sens. Cortex et Rassoudok avaient a present droit, presque chaque matin, a une lechouille sur le bout du nez. Si, si, veridique.

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Pour ce qui est de nous, nous les connaissions et les comprenions de mieux en mieux. De leurs herbes preferees jusqu'a les entendre rever, nous allions vers une relation privilegiee. Meme leur differents tons de voix etaient reconnaissables et nous pouvions differencier les demandes des contentements, nous savions quand quelqu'un s'approchait de notre campement ou quand Cortex arrivait a se detacher de sa longe.

Oui, l'anon est jeune et, comme tout enfant, il rapporte les betises du frangin aux parents.

Apres environ dix jours passes dans les montagnes, les premiers difficultes se sont presentees. Jusqu'a maintenant nous avions ete preserves de diverses agressions.

Tout d'abord celle de la civilisation. Mais nous sortions peu a peu des montagnes et si en altitude il etait possible d'emprunter presque uniquement des sentiers, il n'en etait plus de meme ici.

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Nous nous rapprochions des plaines, signifiant une multiplication des villages et des villes et une rarefication des chemins pedestres.

C'est ainsi que nous avons marche sur nos premieres routes reellement frequentees par les voitures.

Bien evidement, les equides etaient deja habitues a croiser des vehicules et n'en avaient, heureusement, pas peur.

C'est parti! Gilets jaune sur le dos, les animaux sur le cote, les fesses serrees et... tout s'est bien passe.

La plupart des automobilistes ralentissaient fortement et s'eloignaient de plusieurs metres. Rajoutant de sympatiques nombreux "buonggiorno" a leur passage.

Essais concluant et rassurant pour la suite. Si ces routes etaient les premieres, elles ne seraient certainement pas les dernieres.

Suite a ce test routier, s'en est suivi un autre, celui de l'humidite. Et oui, la pluie! Peu forte mais durant assez pour nous permettre de tester l'etancheite du materiel.

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A premiere vue, la tente, qui n'etait pas neuve, semblait ne pas prendre l'eau. Ouf! Nos habits etanches semblaient egalement etre de bonnes qualite ainsi que la petite bache que nous avions emmene. Nous n'avions donc pas souffert de ces deux jours de legere pluie. La question des vrais averses restait toujours en suspend.

 

 

L'ITALIE

carte Italie  

12 septembre

Nous avons laisse les montagnes derriere nous pour entrer dans les plaines italiennes et entammer reellement la traverse du pays.

L'ete n'etait pas encore fini et nous pouvions profiter d'une chaleur presqu'encore ecrasante.

Pas de relief ici, ou peu. Les terrains etaient plats ou parsemes de collines et donc tres cultives.

Nos habitudes changeaient du fait de la geographie. Ainsi nous marchions plus (environ 20km/j) et nous ne pouvions plus, selon les regions, nous arreter n'importe ou pour faire manger Cortex et Rassoudok.

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 Les cultures de mais laissaient certes de nombreuses places a d'autres champs remplis de bonnes herbes. Mais il n'en etait pas de meme pour les cultures de riz. La cultivation en masse rarefiait les terrains libres. Il devenait plus difficile de trouver herbe a notre pied.

C'est dans ces moments la que nous nous apercevions de la transformation de notre vision du monde. Nous ne mangions pas d'herbe mais nous passions du temps a en chercher.

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Voyager avec des animaux signifie rapidement que ce sont eux qui commandent, en quelques sorte. Ils dirigent les arrets, les routes empruntees et la rapidite ou non de l'avancee.

Bien qu'il etait moins evident qu'en montagne de trouver de grand champs pour nos brouteurs, rassurez vous, ils etaient loin de risquer la faim.

Mais nous etions habitue a leur offrir de vastes riches prairies, nous essayions donc toujours de leur trouver  les endroits les plus grands et les plus herbeux possibles. Ils marchaient beaucoup, Cortex portait en plus toute nos affaires. Malgres qu'ils ne semblaient nullement fatigues, il nous paraissait normal qu'ils soient correctement recompense.

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Pour traverser l'Italie nous voulions faire au plus court. Nous avons donc fait simple et trace une ligne entre Pinerollo, premiere ville hors des montagnes, et Montfalcone, ville frontaliere avec la Slovenie. Suite a quoi nous essayions de nous rapprocher au maximum de cette direction en prenant les chemins les plus petits possibles.

Cependant, le reseau routier Italien comporte plus de grosses routes que de petites et les seules cartes que nous trouvions etaient evidemment faites pour les automobilistes.

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Nous avons ainsi utilise trois ingredients, un peu les cartes, un peu les indications des riverains (toujours au moins deux sources) et beaucoup de feeling.

Oui, parce que si les gens savent se rendre en voiture d'un point A a un point B, ils ne savent pas faire de meme a pied.

De nombreuses fois, apres avoir demande "Vous etes sur, c'est le chemin le plus court? Et il n'y a pas de traffic, c'est sans danger?" nous nous sommes retrouves sur des nationales bien trop frequentees ou sur des routes nous rallongeant parfois de plus de dix kilometres. Pour nous, cela represente tout de meme une demi-journee!

Les gens ne se rendent pas bien compte... C'etait donc a nous, petit a petit de modifier nos questions, de les rendre plus precise et d'insister sur la presence des animaux.

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Bien evidemment, tous ces habitants sont tout excuse. Comme selon l'expression, "il faut le voir pour le croire". Ce mode de voyage attire l'oeil et la gentillesse d'un nombre incroyable de riverains. Nous sommes accostes constamment, pris en photo, felicites et remercies par bon nombre d'avoir pu nous rencontrer. On nous offre tout, a boire, a manger (pour nous, les chiens et les equides), l'hospitalite pour un the, un repas, une nuit...

Les gens qui croisent notre route sont pris d'un engouement surprenant. Attendris par les animaux, stupefies par ce qu'ils appellent du courage, ils semblent admirer en nous la possibilite d'une vie non imposee.

De fait, nous multiplions les rencontres et faisons regulierement connaissance autour d'un plat de spaguettis. Ceci nous donnant la chance de rapidement integrer la culture et la langue.

Nous faisions egalement de nombreux arrets, par envie ou par demande, devant les ecoles, les instituts pour handicapes et les maisons de retraites. A la grande joie de tout ce petit monde.

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 Comme vous le savez, la vie n'est pas non plus toujours un conte de fee, il nous ait donc egalement arrive des experiences moins rejouissantes. Des reveils, le jour a peine leve, par des chasseurs tirants juste a quelques metres de nous; des proprietaires de terrains mecontents, nous priant de quitter les lieux la nuit tombee; des citadins en colere du fait des excrements equins (bah oui...ca arrive), j'en passe des pires et des meilleurs.

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Mais toutes ces histoires, bien plus rares que les bonnes ne sont pas celles qui marquent nos esprits. Heureusement.Les animaux, eux aussi, nous faisaient vivre des moment innoubliables de par leur cabrioles. Fideles a eux memes, tels des enfants, Cortex et Rassoudok s'evertuaient a ponctuer notre avancee de franche rigolade.

Les exemples sont nombreux et je ne vous en raconterais qu'un, etant le plus caricatural. Bien sur, me direz-vous, les anes trouvent toujours une nouvelle parade pour nous faire rire, alors pour un show en public Rassoudok avait choisi de faire les choses en grand.

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Et oui, c'est un ane, et de quoi ont peur les anes? Des ponts, evidemment! Des ponts, petits ou grands, au dessus de l'eau ou de l'autoroute, il en avait deja passe quelques dizaines. Mais celui-la, sans vouloir le defendre, avait tout pour faire peur. Il etait tres long, un peu branlant, fait d'immenses grilles et planches de bois. Le tout etait soupoudre d'une bonne circulation et de sons metalliques resonnant a chaque passage de vehicule. Tout cela avait pour effet de le rendre completement appeure. Il ne voulait donc pas passer. Mais nous ne pouvions pas faire demi tour et chercher un autre pont pour traverser ce fleuve. C'etait le plus petit que nous avions trouve des kilometres a la ronde.

Alors on a bloque toutes les voitures et on a fait semblant de partir sans lui...le pauvre, quelle tete il faisait! Mais il tient a nous cet anon, apres avoir crie une ou deux fois, il a suivi, tout penaud qu'il etait.

Les oreilles baissees et a taton sur la pointe des sabots, il est passe au millieu de ces nombreux automobilistes riants. Un quart d'heure plus tard nous etions de l'autre cote. Les badauds presents ont certainement pu, ce jour la, confirmer la legende du peureux petit ane. Mais tout de meme, il est passe!

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Le mois d'Octobre se terminant, la nouvelle frontiere a traverser nous tendait les bras. Apres presque deux mois passes en Italie, nous avions besoin de changement.

Certes ce pays etait une etape importante puisqu'il etait le commencement. L'ennui, pour nous, etait que nous etions bien loin du depaysement. Ici la societe etait bien trop ressemblante a la notre. De plus nous etions fatigues de nous retrouver regulierement sur des routes qui, bien que petites et campagnardes, etaient toujours tres frequentees. A se demander le nombre d'habitants au metre carre!

La geographie laissait egalement peu de place a des lieux sauvages et sachant deja que 70% du territoire Slovene etait forestier, nous avions hate d'arriver et de souffler.

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Des Montfalcone derriere nous, nous avons pu apprecier la serenite ambiante. La route qui menait a la Slovenie passait dans les montagnes et etait presque deserte de vehicules.

C'est pourquoi, apres avoir rencontre une charmante famille, nous avons decide de faire une pause   non loin de leur petit village. Une transition reposante entre la civilisation et un retour a une vie plus sauvage.

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