De la France a l'Asie...

la Grece

 

    

 

 

 

 

 

 

            Avant notre entree en Turquie nous voulions regler un probleme important: il nous fallait ferrer les animaux. Leurs sabots etaient assez courts et il etait impossible d'immaginer que Cortex pouvait tracter la carriole pendant des kilometres sans aucune protection.

Cependant, si la Grece regorgeait, il y a fort longtemps, d'anes et de chevaux, les nouvelles generations avaient preferees l'utilisation de vehicules motorises et, de fait, les garages se multiplierent alors que les Marechal ferrants se mourraient.

Nos recherches d'un professionel se retrouverent donc rapidement vaines. Les seuls survivants se trouvaient dans des grandes villes telles que Thessaloniki ou Athena. Bien trop loin...et bien trop chers de toute facon.

Dans la region ou nous nous trouvions c'etait un Bulgare qui descendait tous les deux mois durant quelques jours, changeant de ville chaque jour et ferrant tous les equides qui en avaient besoin. Nous n'etions pas dans les temps. Encore rate!

Que faire alors? ?l allait falloir apprendre a ferrer.

Nous aurions tout de meme pu y penser avant de partir...

Je me mis donc en quete de gens qui pouvaient nous instruire lors d'un retour eclair en France courant fevrier.Et oui, 1an et demi de voyage plus tard, la famille me manquait! Ce fut Paulo (un grand merci!) qui me fit profiter de ses connaissances.

A mon retour j'avais une petite idee de la technique mais n'avais pas de fers entre les mains.

La seule option semblait d'aller en chercher en Bulgarie. J'avais un contact, Yanko, qui acceptait avec enchantement de nous aider.

Ce sont Colette et Jose qui, comme a leur habituelle gentillesse, me proposerent de m'emmener, pendant que David garderait la marmaille.

            Alors que j'avais pense que ce ne serait l'affaire que d'une petite heure une fois arrives a Svilengrad, il en fut tout autrement. Pas si facile de trouver des fers de si petite taille pour Rassoudok...

Dans le bon vieux Mercedes bleu cabosse de Yanko nous fimes de nombreux aller-retours, passant de chez l'un a l'autre, et finissant dans une autre ville a 20km de la. La caverne d'Ali Baba des fers nous y attendait!

Une fois cette importante decouverte realisee, je fus, comme de coutume, invitee a manger et a boire en famille. Yanko, lui meme proprietaire de nombreux chevaux, m'expliqua une enieme fois comment ferrer, tout en regrettant que nous soyons si loin pour qu'il ne puisse le faire avec nous, puis il me ramena a la camionnette blanche de Coco et Jose, me deposant les bras charges de paquets emplis de bocaux maison colores.

            Deux jours plus tard nous entamions le travail. Rassoudok passait le premier. ?l n'avait pas peur. ?l ne se rendait surement pas compte que nous allions pour la premiere fois lui planter des clous dans les sabots nous meme. C'est beau l'innocence...

Nos gestes n'etant pas surs nous avons mis un peu de temps. Rassou s'est montre tres patient. Et le resultat semblait plutot positif.

Puis nous sommes passes a Cortex. Une autre histoire. Moins d'innocence chez notre joli mulet...

Il fut bien plus dur que Rassou, comme a son habituelle reticence a se faire trifouiller les pieds trop longtemps. Il ne nous facilita pas la tache... A nous, cette fois, d'etre patients. Mais nous arrivames a nos fins. Avec le soulagement d'avoir devant nous environ deux mois de repit...

 

 

 

 

la-grece-et-le-tabac      

T as plus de clopes?

 

 

 

23 Mars 2012

            Nous approchions de la frontiere Turque nomme ?psala, celle qui nous ouvrirait la porte du dernier morceau de territoire Europeen, s'ouvrant lui-meme sur l'Asie. Enfin.

Nous percevions de loin le tres haut et immense drapeau rouge, orne d'une lune et d'une etoile blanche, flottant au vent et semblant nous appeler, notre immagination aidant.

Nous allions savoir si oui ou non notre envie avait depasse les limites du realisable, si oui ou non notre reve se terminerait aux portes de l'Europe. Nous y avions pense, avions vaguement evoque entre nous la possibilite d'un refus sans trop explorer la question de peur que l'Univers nous entende...

Mais comme le fameux proverbe dit "mieux vaut prevenir que guerir", nous avions tout de meme fait un petit coucou, une semaine plus tot, au directeur de la frontiere afin de nous renseigner des eventuels papiers manquants pour les animaux.

Nos questions les avaient quelque peu deroute, cependant ils avaient pris le temps qu'il fallait pour nous recevoir convenablement, assis dans le bureau du directeur, qui etait ravi de notre presence, patientants tout en buvant un bon the chaud.

Nous n'etions pas encore sur le territoire, mais sentions deja les premices de l'accueil qui nous serait fait si nous arrivions a poser le pied sur les terres Turques.

A quelle frontiere avez-vous deja ete recu pareillement?

Apres quelques temps, quelques discussions a l'aide de "google translate" (puisque personne ne parlait reellement la langue de Shakespear) et quelques allers-retours entre les divers bureaux du lieu, nous sommes repartis avec la mission d'obtenir une lettre d'invitation de la Georgie qui leur "prouverait" (faible preuve tout de meme) que nous etions bien en transit et ne resterions pas en Turquie plus d'une annee avec nos equides.

            La lettre avait ete obtenue facilement grace a l'ambassade de Georgie de Lyon et etait prete a etre presentee.

Nous avons franchis la frontiere Greque sans aucun soucis et avons traverse le pont, bien garde par de nombreux militaires des deux nations qui s'inquietaient tous de savoir si nous avions bien des passeports, et surtout, si nous etions bien passes par le post douanier Greque.

 ?l etait pourtant impossible d'avoir acces au pont autrement que par ce biais...Encore moins avec des animaux qui ne sautent pas par dessus des barbeles hauts de quelques metres... Le militaire a-t-il reellement un cerveau?

            Une fois sur la terre ferme nous avons atteind le pied de ce gigantesque drapeau percu depuis plus de 10km plus tot. Nous allions franchir le premier poste Turc...Et finalement savoir...  

    

 

 

 

   

   

   

 

 

 

 

            il etait assez comique de se rappeler que je m’etais inquietee d’un lieu ou passer l’hivers depuis l’ete dernier. J’avais surement trop voulu prevoir… De fait, nous etions finalement au coeur de la saison froide et campions dans un champ, nous lavions dehors et prenions notre petit dejeune emmitoufles dans nos blousons et coiffes de nos bonnets.

sidirohorio

Mais qu’importe! Pourquoi s’inquieter?

Alors que les animaux ne manquaient de rien, il etaient dailleurs plutot gates, nous nous faisions apporter du cafe chaud par les riverains des l’aube et le boulanger s’arretait tous les matins devant notre bivouac afin de nous offrir pain et simits (petit pain brioche au sesame). De nombreux badauds nous apportaient aussi des poches remplies de nourriture.

Ceci au grand plaisir de Cortex et Rassoudok qui accouraient aux barrieres en bois a la moindre vue d’un sac plastique. ?ls avaient, depuis longtemps deja, fait le rapprochement avec le pain pouvant se trouver dedans…

            Tres rapidement nous avons fait la connaissance de nombreux villageois. Deux femmes en particulier nous ont ete tout de suite proches: Anna et Kaliopi.

mama1     Mama Pandias

 

Nous passions beaucoup de temps avec l’une et l’autre et avons rapidement considere Anna comme notre "maman Grecque". Nous la surnommions “Mama Pondia” en rapport avec sa region d’origine.

            Durant ces deux mois de pause nous avons pu prendre le temps de travailler un peu. En ce qui concerne un travail remunere je ne peux parler que de David qui eut quelques clients pour ses talents de tatoueur. ?mpossible ici de se faire embaucher. La seule activite du village (mis a part les quelques commerces) concerne les champs de coton qui ne demarre qu’au printemps.

Argent mis a part nous nous sommes employes a etudier serieusement nos instruments: acordeon pour moi et guitare pour David. Nous souhaitions evoluer de maniere a pouvoir finaliser des echanges artistiques avec les gens. 

 

yorgo

 

18 Fevrier

           

            La meteo evoluant positivement nous avions decide de notre depart imminent. Cependant il fut legerement repousse. Le village avait besoin de l’aide de Rassoudok!Tout le village comptait sur sa presence pour le jour du carnaval.

carnaval

La tradition de Sidirohori voulait que la parade se deplace dans la commune accompagnee d’un ane. Helas, plus un ane ne vivait dans la bourgade depuis quelques annees deja. Nous avons donc repousse notre depart au grand plaisir de notre ami aux longues oreilles qui allait, une fois de plus, pouvoir faire la star.

Nous pensions egalement faire participer Cortex.

carnaval3   carnaval2

Cependant, lors du defile, qui etait precede d’une vingtaine d’hommes vetus d’anciens costumes traditionels Thraces et munis de fusils, quelques hommes tiraient en l’air avec leurs armes. Cela eut pour effet immediat de creer une reaction de panique chez notre mulet, alors que Rassoudok, egal a lui meme, ne s’offusquant de rien, s’arreta a peine de marcher. Cortex n’aime pas la brutalite, alors les armes… ?l du donc nous attendre seul sur la place, panique, pensant certainement que Rassou finirait comme les brochettes cuisant sur le feu non loin de lui..

Pendant ce temps le defile avancait lentement dans le village. Accompagne d’une fanfare et d'autoctones deguises ou non. Certaines familles etaient restees devant leurs maison et avaient preparees des banquets ou nourriture et boissons attendaient que les danseurs se donnent en spectacle pour etre ingerees. Quelques minutes devant chaque batisse accueillante, puis la troupe reprenait sa route.

mami-1    

Une fois le tour du village termine, rendez-vous sur la place centrale pour danser! ici pas de danses individuelles mais des danses en rondes, tournants au rythme de la musique et des pas traditionnels que chacun connait.

            Bien que j’aurais souhaite apprendre ces quelques jeux de pieds, je ne pouvais danser autrement qu’en clopinant…

Le matin meme, alors que le president des animations du villages venait a notre rencontre pendant que je m’entrainais a marcher sur les mains (dans l’idee, toujours, de futurs petits spectacles pour les enfants) j’ai chute.

Impossible de marcher normalement… Le lendemain les medecins etaient clairs : il sagissait d’une entorse.

Pas tres pratique quand on est cense passer ses journees a marcher!

 

21 Fevrier

            Nous avons tout de meme repris la route quelques jours plus tard, au grand desespoir de Mama Pondia qui nous aurait bien garde avec elle.

Cortex tirait une cariole et cette fois elle n’allait pas servir qu’a Pity. Encore une fois, merci Cortex!

Quelques habitants que nous n’avions pas croise au moment des adieux nous rattraperent sur la route pour un dernier serrage de main, un dernier “Yassas” (au revoir).

Mama Pondia, elle, repassa nous voir le lendemain (facile quand on a une voiture…) pour nous apporter un dernier plat fait de ses petites mains et tenter une derniere fois de nous faire rentrer au village “ ide! Pisso sto Horio ta paidia!” Elle allait nous manquer cette maman Greque… Kaliopi aussi… Mais nous sommes comme le vent, apparaissons et disparaissons au gre des humeurs et des saisons. Comme le vent…que dis-je? Une lente brise…boitilleuse de surcroit pour ce depart-ci.

C’est donc ainsi, alternant entre clopinerie a bequille et ballade en carosse pendant que David dirigeait les animaux que nous nous dirigions vers la frontiere Turque.

 

 en-bequilles

 

 petite messe...rien a voir ...

 

 

 

 

Apres seulement quelques jours printanniers le froid est revenu et les gens rencontres nous deconseillaient fortement de rejoindre la Turquie ou il semblait faire bien plus froid.

papy    le-bisou    autre-papy

Il fut donc decide que nous patienterions encore un peu et nous arreterions a l’auree du petit village de Marki.

Nous bivouaquions sur les hauteurs surplombants la mer. L’endroit etait parfait pour toute la famille. Les grands paturages encercles d’une foret d’Oliviers permettaient de laisser libre tour a tour nos deux compagnons aux longues oreilles, au Grand bonheur de Cortex, tout particulierement, qui pouvait galoper tant qu’il le souhaitait.

Le seul point gris du tableau fut lie a l’accueil des otoctones, accueil qui fut inexistant. Les riverains semblaient preferer la mefiance a la communication.

C’est alors que nous rencontrimes Colette et Josue, un couple de Francais cinquantenaires partis decouvrir l’Asie, depuis environ un an deja, au volant d’une petite camionnette.

coco-et-jose    cooking

Et bien soit, puisque nous n’etions pas les bienvenus nous allions nous accueillir les uns les autres, entre voyageurs.

Ce fut un echange tres interressant, a divers niveaux, et il etait tellement agreable de pouvoir dialoguer avec d’autres bourlingueurs dans une langue identique ou les ressentis s’accordent aux mots avec une presqu’exactitude inegalee depuis longtemps. Il n’y a que dans sa langue natale que le verbe touche reellement les sentiments.

Cette rencontre annoncait egalement la venue d’autres voyageurs Francais, amis des montagnes de notre depart, partis pour 7mois en famille a bord d’un poid lourd et en route pour la Mongolie. Ne sachant evidemment pas ou la vie deciderait de les mener…

 

 

toute notre compagnie est fiere de vous presenter: la famille barbapapa!!! (applaudissez!)     tout est possible! meme les chiens deviennent diplomates avec l'age

 

?ls emportaient avec eux une ludotheque renfermant differents jeux :petanque, palet, Karom…ainsi que du materiel de jonglerie, esperant monter leur petit chapiteau dans chaque pays traverse pour le plaisir des petits et des grands.

Nous avons donc deballe le materiel, accroche des affiches et attendu joyeusement, entre Francais (nous etions tout de meme 8!) qu’enfants et adultes Greques se pretent au jeux.

Malheureusement, en plus de n’etre guere accueillant les Makriens n’etaient pas joueurs...Seulement une petite dizaine de personnes montrerent le bout de leur nez, mals assures, sans oser rester. Seuls deux enfants, ainsi que nos amies Anna et Kaliopi, venues nous voir pour l’occasion, s’attelerent a tester tous les jeux pour notre plus grand plaisir et le leur.

 

 

lalie, 5 ans, monteuse de chapiteaux 

    coco a la journee ludotheque    manou.jpg

 

ludotheque    les Grecques a la petanque

20 Mars

            Le lendemain chaque equipe de voyageurs reprit la route de son cote, chacun a son propre rythme, tous prenant la direction de la Turquie.

 

 

12 Janvier 2012

   paysage

      

 

Notre remise en route attendrait donc les premieres annonces du printemps.

      kaliopy (ne voulait pas apparaitre sur le site mais nous ne pouvions tout de meme pas ne pas la presenter) merci pour tout!er            

Fort heureusement cette ambiance froide et peu gaie de l’hivers etait rechauffee par la chaleur humaine des autochtones ebahis de notre etrange presence en cette saison. Tant et tant qu’il fut decide d’un arret longue duree dans le petit village de “Neo Sidirohori”. Les cadeaux et propositions d’aide pleuvaient autant pour nous que pour les animaux qui ne tarderent pas a avoir quelques kilos de foin, de mais et cereales en reserve. Nous etions adoptes.


    Nous ne pouvions pas avancer trop vite, les temperatures etaient encore trop basses dans les pays alentours. ?l fallait attendre. Nous ne parcourions donc que quelques kilometres chaque jour. Nous bivouaquions presqu’uniquement dans les villages, car, une fois sortis des Rodopis, les paysages ne laissaient paraitre que des centaines d’hectares de terre retournee. La monoculture du coton dans cette region ne laissait pas de place aux herbes vagabondes. La terre semblait ecorchee, sans defense. Nue de toute couverture vegetale, elle parraissait comme morte.

complainte harmonique

 

acordeon1
La fraicheur des nuits de janvier sous la tente avait, elle, une verite rude qui rappelait a l’ordre.


L’experience de cet hivers decu definitivement mes illusions a l’egard de l’honnetete des mots sortant de la bouche des Hommes.

   23 Decembre 2011
    De retour de Thailande, David fut depose par un avion a Thessaloniki. ?l me rejoignit dans la soiree. On dira ce qu’on voudra, bien que persuadee de mon besoin regulier de solitude et que ces quelques mois de voyage seule furent riches et tres positifs, la complicite d’une personne proche ne peut etre que tres rarement egalee par des rencontres de quelques jours ou semaines.
Peu de temps apres son retour nous reprimes la route. Mon passage a Pashalia ne s’etait aucunement passe comme il aurait du. Les relations humaines ont parfois de moche qu’elles ne sont pas franches. Qui croit etre sur de ne jamais tromper ses certitudes? Personne, je vous l’affirme a mes depends.

 

nestos.jpg   

musulmans-ortodoxes
Encercle de montagnes et borde d’une riviere magnifique (le Nestos) le lieu est pourvu d’une energie particuliere, quelque peu hors du temps.
Les equides, qui dormaient dans un grand parc et etaient laisses libres la journee dans les prairies du village d’ou ils n’auraient pu fuir que par un grand pont, appreciaient tout autant la nature environnante. Et surtout la liberte qu’elle leur permettait.

 

   

 


Cette famille s’est lancee dans ce projet de maraichage raisonne il y a trois ans, et revend sur les marches de Xanthi sa production de legumes ainsi que de savons naturels a base de plantes et huiles essentielles.

bandjo


Les deux femelles sont des travailleuses. Ce sont elles qui travaillent la terre. Cette terre sableuse et difficilement cultivable qui, grace a la perseverence, produit de succulents legumes.

rassou-et-kenya   rassou-observe

   
Alors que Cortex, bien qu’irresistiblement attire par la belle jument de 600kgs croisee Percheronne, n’arrivait guere a l’approcher, Rassoudok, lui, semblait avoir ete frappe d’un coup de foudre. Les deux anes se touchaient le museau tout en bredouillant des braillements.

kenia            bandjo   

 contraste
19 Novembre 2011 Nous arrivons a Pashalia. ?nutile de rechercher la maison nous accueillant dans ce petit village de 70 habitants, a peine nous entrions dans la petite bourgade que nous etions rejoint par Alain (Francais) nous ayant vu arriver du pont. Nous rencontrames ensuite le reste de la famille; Vassiliki (Grecque), Promethea (5 ans) et Simeon (2 ans). ?l restait encore deux membres que nous allions rencontrer quelques minutes plus tard: Kenya (anesse de 6 ans) et Bandjo (Jument de 3 ans).

 

  2anges   michael au boulot

 michael


Nous primes ensuite la direction de Xanthi. Diverses rencontres agrementerent notre route et changerent les idees de la troupe. Une semaine de pose s’imposa meme chez Michael qui se fit un devoir de transformer la carriole afin de l’ameliorer et de l’alleger.

bibi-a-la-plage   

 


bivouac   

    Nous devions passer l’hivers dans les Rodopis, aux alentours de Drama, dans un petit village nomme Pashalia. Une famille de maraichers bio travaillant la terre en traction animale m’avaient contacte durant l’ete pour me proposer de venir faire un tour chez eux. Travail contre hebergement et nourriture.
Le coeur a vif je decidais de rejoindre tout d’abord la mer. Quelques berceuses chantees par les vagues ne me feraient pas de mal.

Arkantika   
Je me suis remise en marche, que faire d’autre?
J’etais seule, plus seule que jamais.


Comme pour permettre a Zoukia d’etre mieux installee, Pity renonca rapidement a sa place dans la charette. Zoukia s’y etendit de tout son long et Cortex fut certainement heureux de ces quelques kilos en moins.
A partir de ce moment Zoulia se laissa completement aller, son corps refusant et rejettant toute nourriture. Elle faiblissait de jour en jour. Une fois sortis des montagnes, de retour au plat et a la civilisation, nous allames consulter un veterinaire qui tenta quelques medicaments sans m’informer que l’espoir n’etait plus que dans mon coeur et non pas medical. J’ai continue a esperer.
Nous nous sommes arretes plusieurs jours, puis, alors que son etat stagnait, nous avons repris la route. Que faire? J’etais seule. Je ne parlais pas la langue du pays. Je ne connaissais personne. Une seule chose m’empechait de m’ecrouler: Marcher.
Zoukia est morte quelques jours plus tard. Une nuit. Dans mes bras.
Elle fut enterree avant le lever du jour. A la place, un grand vide...

carriole

 

Vassil    
Fort heureusement j’avais une roue de secours, et, encore plus prodigieux, un nomme Vassil s’arreta pour discuter au moment meme ou je me rendais compte que, la chambre a air percee, je n’avais aucune rustine pour la reparer. En pleine campagne... Un jour ferrie...
Nous fimes tout de meme un aller-retour en voiture au premier village qui, miraculeusement, etait ouvert. Puis, une fois la charette en etat de rouler, toute la famille fut invitee a passer la nuit dans une petite maison avec jardin bien garnit en herbes juteuses. Malgres toute la verdure, un voisin bien intentionne deposa dans la soiree une botte de foin. Au cas ou... Ce fut notre premier contact avec l’accueil Grecque.Bon depart.
    Le lendemain nous reprimes la route. Au fil des jours un nouveau probleme se presenta a nous: Zoukia faisait une nouvelle crise de Leichmaniose. Elle avait la maladie depuis quelques annees deja et etait sous medicaments. Personne n’aurait pu dire qu’elle etait malade tant elle regorgeait d’energie. Cependant, une fois tous les six mois le virus reapparaissait. Elle perdait l’appetit et faiblissait.
29 Octobre 2011 Nous entrions dans les montagnes quand Zoukia cessa de cacher sa faiblesse. Jamais elle ne se plaignait et agissait toujours comme si tout allait pour le mieux. Mais ce jour la elle trainait de la patte, et ca... Ca n’arrive jamais. Aussitot compris je la fit monter dans la carriole aux cotes de Pity. Nous voila bien avec deux chiens en baisse de regime. Merci Cortex de tracter tout ce petit monde!
Et Dieu sait qu’il lui a fallut force et endurance pour venir a bout de cette cinquantaine de kilometres ponctues de cotes et descentes d’une raideur toute particuliere...

24 Octobre 2011

Arrivee a la frontiere Grecque je constatais, amusee, qu'un seul et unique douanier s'occupait des entrees du pays comme des sorties. Cote Bulgare ils etaient une vingtaine. "Ca sent la crise" me suis-je dit. Je ris, mais me ravisa aussitot. La blague etait un peu deplacee.
Je franchie le controle aisement sur la seule presentation de mon passeport. Aucune demande ne concernant les animaux ou la carriole. Presque trop facile.
Je decidais donc d'importuner ce jeune homme en uniforme afin qu'il me traduise les premiers mots utiles de cette nouvelle langue que j’allais devoir apprendre. “kalimera” (bonjour), “efharisto” (merci), “aristera” (gauche), “deksia” (droite)... Les premiers indispensables... ?l parlait Bulgare. Une chance.
Trente minutes plus tard nous nous elancions, a une vitesse toute relative, sur les routes Grecques.
    Ma premiere constatation concernait les vehicules. ?ci, abscence totale de carrioles, abscence de chevaux et d’anes aux abords des villages, et meme les voitures etaient bien plus recentes et rutilantes que celles du pays voisin. Les vehicules Russes, stylisees et ages de quelques generations, s’etaient, semblait-il, arretes a la frontiere.
Bien qu’aux allures beaucoup plus pauvre que la Grece, personne ne paraissait parler de crise concernant la Bulgarie. Evidemment... Suis-je bete... Pour qu’un Etat soit defini en crise il est a supposer qu’il ait, un jour, eut de l’argent!
Tout en poursuivant mes comparaisons entre ces deux pays de l’U.E, si proches et pourtant si differents, nous prenions la direction des montagnes.
    Les bourgs que nous traversions semblaient avoir ete fui par la jeunesse Grecque. La ville possedait a leurs yeux des attraits qui, selon les anciens, s’estompaient peu a peu. Ces derniers aimaient a preciser, l’air entendu, que les jeunes revenaient petit a petit vers les campagnes.
Dans ces villages la vie n’etait pas dehors. Elle n’etait pas non plus dans les maisons. Elle se retrouvait dans les bars. La moindre bourgade de 600 habitants possedait 6, voire 7 troquets! Tous (enfin surtout les hommes, sang mediterraneen oblige) se rencontraient en ces lieux et y passaient des heures, sirotant la plupart du temps un simple cafe, dont les dernieres gorgees etaient froides depuis longtemps, accompagne d’une bouteille d’eau. Tous fumaient. “Interdiction de fumer? Bien sur. Mais saches, petite, que le Grecque, loi ou pas, fait comme il l’entend”.



    Je souhaitais rapidement avancer. Je craignais d’avoir affaire a la neige alors que nous avancions vers les sommets des montagnes Thraces (region Nord- Est Grecque) et etais donc impatiente de passer au dela. Chaque jour nous rapprochait un peu plus du mois de Novembre. ?l fallait voir les choses en face: L’hivers arrivait a grands pas.
Cette idee bien en tete je fus presqu’immediatement ralentie par une crevaison de la carriole. Les joies de la mecanique!

Grece

GRECE

 

 

 

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